Le groupe : approches et influence sociale

Publié le par remy

Savoir ce qu’est un groupe, à partir de combien de personnes se forme un groupe ou quels sont les types de groupe, n’est pas chose aisée. 

Plusieurs définitions du groupe existent. Mais à partir de quand peut-on parler d’un groupe ? Selon Anzieu et Martin, le groupe prend naissance avec trois participants. Avec l’arrivée d’un quatrième participant les phénomènes de groupes se dévoilent. Alors que pour Lewin, un groupe est un ensemble d’individus qui sont interdépendants les uns les autres, Shaw ajoutent que les membres d’un groupe doivent « interagir entre eux et s’influencer mutuellement ».

Il apparaît donc qu’il existe des phénomènes d’influence sociale dans un groupe. Cette notion peut être définie comme « les processus d’influence qui sont relatifs aux modifications qu’entraîne dans les jugements, opinions et attitudes d’un individu ou d’un groupe le fait de prendre connaissance des jugements, opinions et attitudes d’autres personnes sur le même sujet » (De Montmollin).

Après avoir développé les approches classiques du groupe (I), nous verrons les phénomènes d’influence sociale (II).

 

I : Les différentes approches du groupe

A/ L’approche dynamique

Pour Lewin, le comportement est fonction à la fois des caractéristiques de la personne et des caractéristiques de l’environnement. On ne peut dissocier les deux.

Ainsi, si nous sommes une seule et même personne, nous ne nous conduisons toutefois pas pareil dans un groupe de travaux dirigés, dans une soirée entre amis ou dans les bras de notre petite amie. La structure de l’environnement physique ou social dépend des désirs et des besoins de la personne, tandis que le contenu de l’environnement met la personne dans un certain état d’esprit.

Selon Lewin, le groupe est conçu comme une totalité dynamique et « l’interdépendance est l’essence du social : l’essence d’un groupe n’est pas dans la similitude de ses membres mais dans leur interdépendance ». Cette totalité dynamique groupale possède des propriétés spéciales, distinctes des propriétés des sous-groupes ou des membres individuels qui la composent. Aussi, le groupe évolue car il est toujours en interaction avec un entourage défini, une certaine assise effective donc (milieu physique, social, culturel, etc.). Pour Lewin encore, « Ce n’est qu’en considérant les groupes en question dans leur assise effective, que l’on peut être sûr de n’avoir négligé aucune des conduites essentielles possibles ».

 

B/ Structure informelle et réseaux sociaux : l’approche sociométrique

Pour Moreno, le groupe est constitué de réseaux d’attractions/répulsions entre les individus qui le composent. D’après lui, seule l’analyse des relations interpersonnelles au sein des groupes permet de révéler leur véritable nature. Pour mettre en évidence ces réseaux, il créa le test sociométrique : on demande à chacun des membres du groupe ses sentiments d’attraction, de répulsion ou d’indifférence à l’égard de chacun des autres membres du groupe, en fonction d’un critère déterminé (avec qui souhaiteriez-vous travailler/surtout pas, etc.). Les résultats permettent de mettre en évidence les leaders populaires (choisis par la majorité), les leaders influents (choisis par les leaders populaires), les membres isolés (provoquant l’indifférence), les parias.

 

II : Phénomènes de groupe et d’influence sociale : normalisation, conformisme, obéissance

A/La normalisation

La normalisation exprime la pression qui s’exerce sur les membres d’un groupe en vue d’adopter une position acceptable par tous. Elle entraîne la convergence des opinions et l’adhésion à un compromis, qui s’opèrent par un rapprochement des positions, évitant ainsi le conflit. Ce consensus apporte aux individus une plus grande confiance dans leurs convictions : « J’ai raison car les autres partagent mon opinion ». De plus, la norme est très résistante au changement : pour la briser il faut montre qu’elle ne fait pas l’unanimité dans le groupe.

            L’existence de normes dans les groupes permet d’accroître la cohésion et la solidarité. Quand une norme est partagée par le groupe, elles finissent par être intériorisées et spontanément respectées. Le pouvoir du groupe sur les individus le constituant est d’autant plus fort, qu’il est, dans le cas des normes sociales, librement accepté.

D’ailleurs, dans son expérience sur l’effet autocinétique, Sherif montre : qu’il existe un processus de normalisation subjective individuelle; qu’il existe un processus de normalisation collective ; que lorsque la norme du groupe est établie, l’individu isolé conserve et respecte la norme.

Cette propension d’un groupe à la normalisation peut donc être utilisée par un de ses membres pour en prendre la tête et s’affirmer comme son leader.

 

B/ Le conformisme

Selon Deutsch et Gerard, le conformisme peut s’expliquer par l’existence d’un conflit informationnel et motivationnel. Face à ce type de conflit, 3 cas de figure sont susceptibles de se présenter :

-          L’individu accepte la pression du groupe en adoptant ses idées (normalisation) ;

-          Il subit la pression mais conserve ses idées préalables (conformisme) ;

-          Il ne se conforme pas et est donc déviant et rejeté du groupe (déviance).

La conformité revient donc à modifier son comportement ou ses attitudes pour les mettre en harmonie avec celles d’un groupe majoritaire. Cette définition, aussi claire qu’elle puisse paraître, n’apporte aucun élément sur la croyance de l’individu suite au conformisme dont il aura fait preuve. Kelman détermine trois niveaux de conformisme selon la durée et la profondeur des changements d’opinion :

-            L’acquiescement (suivisme ou complaisance) est un niveau de conformisme auquel il n’y a pas de changement d’attitudes (mouvements de foule par exemple, c’est le conformisme tel qu’observé par Asch). Il est dépendant du regard d’autrui, de la surveillance et donc d’un système de récompenses ou de sanctions ;

-            L’identification génère une acceptation publique et privée : le phénomène se base sur l’admiration et ne nécessite pas de surveillance ;

-            L’intériorisation est un remaniement profond des systèmes de croyances (phénomène sectaire). Il ne requiert  aucune surveillance extérieure.

 

C/L’obéissance : causes et processus selon Milgram

Si l’individu obéit à une autorité qui lui demande de commettre des actes contraires à sa propre morale, c’est d’une part par respect pour la hiérarchie, et d’autre part, par l’entrée dans un état agentique.

            Une organisation pyramidale de l’autorité semble le dispositif le plu efficace pour obtenir l’obéissance d’un subordonné. Ainsi, le chef domine des subordonnés, qui à leur tour, pourront devenir les supérieurs d’individus placés en dessous d’eux.

            Par ailleurs, le changement agentique serait primordial dans le déroulement de tout processus d’obéissance. L’individu qui entre dans un système d’autorité ne se voit plus comme l’auteur de ses actes mais plutôt comme l’agent exécutif des volontés d’autrui. Cet état, Milgram l’appelle « l’état agentique » et l’oppose à  « l’état autonome » où l’individu s’estime responsable de ce qu’il fait et de ce qui lui arrive.

Si l’individu obéit, c’est aussi car il y est habitué, tant par les récompenses qu’il reçoit quand il se soumet, que par l’éducation qu’il a reçue en famille puis à l’école.

            Deux conditions semblent constituer des préalables à l’obéissance. D’abord, il faut que l’individu soit concerné et appartienne au système qui pratique l’autorité. Ensuite, il faut que l’ordre corresponde à la fonction de celui qui le donne.

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