Les phénomènes de groupe

Publié le par remy

 

Alors que pour Lewin, un groupe est un ensemble d’individus qui sont interdépendants les uns les autres, Shaw ajoute que les membres d’un groupe doivent « interagir entre eux et s’influencer mutuellement ».

Il apparaît donc qu’il existe des phénomènes d’influence sociale dans un groupe. Cette notion peut être définie comme « les processus d’influence qui sont relatifs aux modifications qu’entraîne dans les jugements, opinions et attitudes d’un individu ou d’un groupe le fait de prendre connaissance des jugements, opinions et attitudes d’autres personnes sur le même sujet » (De Montmollin). Aussi jugeons-nous pertinent d’articuler notre devoir  autour de la relation phénomène de groupe, d’influence et leadership car ces notions peuvent être associées. Le leadership est en effet pour Vallerand « l’ensemble des activités, et surtout  des communications, par lesquelles un individu exerce une influence sur les comportements d’un groupe dans le sens d’une réalisation de certains objectifs communs ».

Après avoir développé les approches classiques du groupe (I), nous nous attarderons sur les phénomènes de groupe, d’influence et le leadership (II).

I : Les différentes approches du groupe

A/ L’approche dynamique

Pour Lewin, le comportement est fonction à la fois des caractéristiques de la personne et des caractéristiques de l’environnement. On ne peut dissocier les deux. Ainsi, si nous sommes une seule et même personne, nous ne nous conduisons toutefois pas pareil dans un groupe de travaux dirigés, dans une soirée entre amis ou dans les bras de notre petite amie.

Selon Lewin, le groupe est conçu comme une totalité dynamique et « l’interdépendance est l’essence du social : l’essence d’un groupe n’est pas dans la similitude de ses membres mais dans leur interdépendance ». Cette totalité dynamique groupale possède des propriétés spéciales, distinctes des propriétés des membres individuels qui la composent. Aussi, le groupe évolue car il est toujours en interaction avec un entourage défini (milieu physique, social, culturel, etc.). Pour Lewin encore, « Ce n’est qu’en considérant les groupes en question dans leur assise effective, que l’on peut être sûr de n’avoir négligé aucune des conduites essentielles possibles ».

B/ Structure informelle et réseaux sociaux : l’approche sociométrique

Pour Moreno, le groupe est constitué de réseaux d’attractions/répulsions entre les individus qui le composent. Pour mettre en évidence ces réseaux, il créa le test sociométrique : on demande à chacun des membres du groupe ses sentiments d’attraction, de répulsion ou d’indifférence à l’égard de chacun des autres membres du groupe, en fonction d’un critère déterminé (avec qui souhaiteriez-vous travailler/surtout pas, etc.). Les résultats permettent de mettre en évidence les leaders populaires (choisis par la majorité), les leaders influents (choisis par les leaders populaires), les membres isolés (provoquant l’indifférence), les parias.

Il y a donc un lien entre le statut sociométrique et l’importance du leadership : plus un individu a un statut sociométrique élevé, et plus il peut influencer le groupe et le mener.

II : Phénomènes de groupe, d’influence et leadership

Dans une variante de ses expériences sur l’influence du groupe en matière d’obéissance ou de désobéissance, Milgram montre notamment que l’attitude face à l’autorité change lorsque le participant  n’est plus seul : le degré d’obéissance à l’autorité chute.

Les groupes introduisent des phénomènes spécifiques qui viennent principalement jouer sur les processus d’influence.  Le leadership est donc concerné au premier chef puisque l’influence est son outil principal. Ces phénomènes de groupe privent e leader du monopole de l’influence sur les individus. Il doit donc les comprendre et en tenir compte. 3 formes principales d’influence se dégagent dans les travaux sur le thème des phénomènes de groupe et d’influence :

A/ La normalisation

La normalisation exprime la pression qui s’exerce sur les membres d’un groupe en vue d’adopter une position acceptable par tous. Elle entraîne la convergence des opinions et l’adhésion à un compromis, qui s’opèrent par un rapprochement des positions, évitant ainsi le conflit. Ce consensus apporte aux individus une plus grande confiance dans leurs convictions : « J’ai raison car les autres partagent mon opinion ». De plus, la norme est très résistante au changement : pour la briser il faut montre qu’elle ne fait pas l’unanimité dans le groupe.

            L’existence de normes dans les groupes permet d’accroître la cohésion et la solidarité. Quand une norme est partagée par le groupe, elles finissent par être intériorisées et spontanément respectées. Le pouvoir du groupe sur les individus le constituant est d’autant plus fort, qu’il est, dans le cas des normes sociales, librement accepté.

D’ailleurs, dans son expérience sur l’effet autocinétique, Sherif montre : qu’il existe un processus de normalisation subjective individuelle; qu’il existe un processus de normalisation collective ; que lorsque la norme du groupe est établie, l’individu isolé conserve et respecte la norme.

Cette propension d’un groupe à la normalisation peut donc être utilisée par un de ses membres pour en prendre la tête et s’affirmer comme son leader.

 

 

B/ Le conformisme

A la différence de la normalisation, qui implique la recherche collective d’une norme commune, la conformité suppose une majorité et une minorité, une inégalité de statut, des meneurs et des influençables. La fonction sociale de la conformité est de réduire les déviations, de faire partager les buts et les critères de la conduite proposée par la majorité. Salmon Asch a cherché à mesurer l’effet de cette pression à la conformité fondée sur une majorité et une minorité.

Les individus adhèrent aux croyances et aux actions des membres du groupe, car ces normes sont perçues comme correctes, valident et socialement désirables puisqu’elles émanent de la majorité.

En ce sens, tout leader aura intérêt à savoir trouver des alliés qui lui facilitent la tâche de rallier l’ensemble d’un groupe à une même position.

C/ L’innovation sociale

L’innovation s’oppose au conformisme, car l’influence est le fait d’une minorité. L’innovation suppose de la part de cette minorité une volonté, de conduire le groupe vers une position qui est en contradiction avec le modèle proposé par la norme majoritaire.

Moscovici et Faucheux montrent que les sous-groupes minoritaires, peuvent exercer une influence sur la majorité à condition de disposer d’une solution de rechange et de s’efforcer activement de se faire reconnaître par un comportement consistant, c'est-à-dire résolu et appuyé sur une certitude. 

Les conséquences pour le leader sont claires : de même que le Prince a besoin d’alliés pour asseoir son pouvoir, le leader a besoin d’alliés pour asseoir son influence, et notamment de relais d’influence au sein du groupe ou de son organisation. Si ces relais agissent par la normalisation et le conformisme, ils renforcent les positions établies. S’ils stimulent l’innovation sociale, ils peuvent être des auxiliaires du changement. Dans tous les cas, l’impact du leader sur les individus, est façonné par les jeux d’influence au sein du groupe dans lesquels ces individus s’insèrent.

 

En définitive, il apparaît que :

·         Les membres du groupe peuvent être influencés par les opinions qui s’échangent entre les membres ;

·         Une opinion, valeur, croyance, prévaudra d’autant plus qu’elle constitue une norme du groupe ;

·         Le leader ne peut influencer directement chaque individu, il doit tenir compte des jeux d’influence.

 

 

Résumé sur le changement :

·         Le changement dans un groupe passe par une évolution des normes du groupe, ces dernières pouvant être à l’origine de résistance au changement.

·         3 phases caractérisent l’évolution d’un groupe : décristallisation, mouvement, cristallisation (Lewin), que l’on se situe à l’échelle du petit groupe ou de l’organisation.

·         Le rôle du leader est important, mais son leadership est indissociable de la nature du groupe sur lequel il s’exerce.

Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article